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Rando du Val Maira, par Michel C, photos Christiane, René, Serge

10 août 2017 vu 2 089 fois Pas de commentaire

Balades italiennes

Nous étions douze. Comme les douze apôtres. Comme les douze maréchaux de Napoléon. Les douze meilleurs ( j’en étais). Il y avait aussi Nathalie, notre guide irremplaçable. Aïe ! treize ! Ça porte malheur. Mais on a survécu.
Ça avait pourtant mal commencé : la pluie, le tonnerre, les grêlons gros comme des billes qui nous martelaient le crâne. De mémoire de randonneur on n’en avait jamais vu d’aussi gros. De quoi nous mettre en train. Nous étions transpercés, assommés, trempés, frigorifiés. Mais rien n’arrête un speedyste. Nous avons atteint le col, la pluie avait cessé et le refuge nous est apparu comme la terre promise aux yeux de Moïse, en bas, dans une trouée de soleil.
Les jours suivants, Nathalie qui doit avoir des accointances Là-Haut s’est arrangée avec le ciel pour qu’il ne pleuve qu’au moment d’arriver aux refuges. C’est l’heure bienheureuse de la bière. On se délasse, on soigne ses pieds, on prend sa douche et la fatigue s’efface. Bientôt ce sera le repas. Les menus sont copieux. Puis, l’heure du conte, petit intermède culturel avant d’aller dormir. David cueille les étoiles ; un retraité surbooké ; le do a disparu… Pourquoi ne pas rêver ?
On repart le matin pour un autre bonheur. Des paysages fabuleux, des lacs, des cirques, des massifs déchiquetés, des pierriers dévalant la montagne, des bébés marmottes sortant de leur terrier, d’autres qui courent sur les pierres, un chamois tout là-haut se découpant sur le ciel bleu, des renardeaux dans un fourré, un troupeau de vaches blanches laissant leurs traces sur le chemin, des chevaux noirs, des patous menaçants et puis toute la flore des Alpes, des forêts de sapins, d’érables et de mélèzes, un tapis de fleurs odorantes, des bouquets d’edelweiss, des colchiques annonçant la fin de l’été, des campanules bleues, de grandes gentianes jaunes, de la joubarbe, des… des… demandez donc à Christiane. Elle sait tout. Comme Nathalie.
Parfois, comme une verrue défigurant le paysage, des bunkers, des casemates, un fort perché sur la montagne. Plus de soldats, plus de canons, il ne reste que des pierres et du béton. Nous sommes à la frontière. On s’étripait en 14. On randonne aujourd’hui. On croise les descendants de nos ennemis armés comme nous de sacs à dos et de bâtons de marche. On se fait de grands sourires. Buon Giorno. C’est mieux, non ?
Michel Cahour

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